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ALIMENTATION ANIMALE Industrie recherche optimi sation économique

Thierry Blandinières, directeur général d'InVivo (à gauche) et Pierre-Christophe Duprat, président de la région Europe Moyen-Orient Afrique pour ADM, lors de la signature de l'accord de négociation, le 2 juillet à Paris.INVIVO

Avec 210 entreprises et 311 usines, l'alimentation animale française connaît une restructuration finalement assez lente, touchée cette année par plusieurs annonces coups de tonnerre.

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Sans qu'il soit question de fermetures massives d'usines, plusieurs mouvements impactent cette année l'organisation de la nutrition animale française, à la recherche d'une optimisation économique. L'accord industriel et logistique entre Sanders et Nealia, opérationnel depuis le 1er janvier, crée Aliane, auquel les partenaires apportent leurs sept usines. Promash est un pacte d'associés entre RAGT Plateau central, Avril et Arterris, qui a repris Melila en liquidation judiciaire. L'alliance BFC, entre Terre Comtoise, Dijon Céréales et Bourgogne du Sud, se renforce et envisage un plan d'action en monograstriques...

D'autres annonces bousculent l'environnement proche. Le consortium conduit par LDC pour la reprise de Doux en volailles concerne deux usines d'aliments, mais également tout l'approvisionnement en vif. Les rapprochements entre coopératives, comme Triskalia et CecaBrons ou encore Terrena et Cam 53, vont se répercuter sur la distribution.

Neovia cédée à ADM, en attente des détails

Sans oublier, bien sûr, la bombe lancée début juillet par InVivo, avec l'annonce de la cession de sa filiale Neovia à ADM, qui pourrait bien chambouler la R&D et le champ des prémix. L'Américain ADM, qui souhaite en faire le fer de lance de sa nutrition animale dans la logique de son plan de diversification de ses commodités vers plus de valeur ajoutée, veut consacrer 1,535 milliard d'euros à la reprise de Neovia, afin de se hisser à la première place mondiale devant Cargill, son concurrent de toujours. Neovia, héritière en effet d'Evialis d'un côté et de l'Ucaab de l'autre, s'est bâti en quelques années une réelle dimension internationale, multipliant les constructions d'usines et de laboratoires comme au Vietnam, les accords et les rachats. Le dernier en date du 27 septembre concerne le fabricant d'aliments pour poisson équatorien Balnova. Dans le même temps, Neovia s'est séparé de sa santé animale (Qalian, Merial) au profit du Bulgare Huvepharma.

Difficile de préjuger de l'impact de la cession de Neovia sur le marché français, mais deux constats ressortent : si l'élevage a l'impression d'être lâché par la coopération, les investissements consentis depuis la reprise d'Evialis ont un prix reconnu par le montant de la valorisation. Rien ne prédit toutefois le comportement futur des coopératives françaises de la sphère d'InVivo sur leur approvisionnement en prémix : vont-elles rester fidèles ou se laisser tenter en masse par les autres prémixeurs français ?

Hétérogénéité des régions

Selon leur spécialisation, plus ou moins marquée, la situation régionale est très variable cette année, tant en termes de volumes que d'actions. Ainsi, pour la fin de l'année, Gaël Pelesbre, président de Nutriarche (association des fabricants d'aliments de la Normandie, du Nord et du Grand Est), imagine de vrais contrastes dans un contexte de marges très difficile en raison de l'impact du prix des matières premières : « Nous avons des espoirs sur les aliments vaches laitières grâce à la conjoncture laitière. Nous connaissons ici aussi un développement continu en pondeuses plein air et en aliment bio... Ce sera plus compliqué en porcs en raison de la peste porcine et du cours du porc », résume-t-il.

Pour la partie sud-ouest de l'Hexagone, Pascal Pringault, président de Sof'ab, note quant à lui la sortie de la crise de l'influenza aviaire, avec une vraie reprise sur le segment volailles (+ 29 % pour janvier-août 2018). « La région a repris du souffle après l'IA qui avait fortement impacté nos volumes, en particulier sur l'Aquitaine dont la production d'aliments pour palmipèdes a repris 72 % cette année par rapport au plus bas de 2017. » Mais les mesures de biosécurité, notamment la bande unique, auront des conséquences sur le long terme sur le potentiel de production.

Du côté des Pays de la Loire, l'Ainaco note avec satisfaction la montée du non-OGM : « Les fabricants d'aliments peuvent mettre en avant leur valeur ajoutée en matière de sourcing mais aussi de traçabilité », souligne son président, Stéphane Bouyer, qui pense que d'ici deux ans, le non-OGM pourrait devenir le nouveau standard. Du point de vue conjoncturel, il s'inquiète du marché laitier avec des éleveurs très attentistes, de plus en plus tentés par les achats de matières premières. « Si le mouvement que nous avions connu en 2007-2008 était plutôt lié à la crise, il me semble désormais structurel. »

Son analyse est partagée. Pas question que les fabricants tardent à se positionner sur le marché, comme ils l'ont fait pour les mashs. Lors du dernier Sommet de l'élevage, Axéréal élevage a par exemple lancé sa propre application mobile, proposant aux éleveurs une gamme variée de matières premières grâce à l'accès à l'ensemble du catalogue.

L'Ouest à la manoeuvre en logistique

Que ce soit contre l'écotaxe ou la vignette poids lourds, pour le développement du fret ferroviaire ou pour les autorisations de circulation, l'association des fabricants bretons Nutrinoë se mobilise depuis plusieurs années sur les aspects liés aux approvisionnements et à la logistique. « Pour la première année, nous avons réussi à obtenir un arrêté zonal d'autorisation de circulation durant les jours complémentaires d'interdiction de circuler durant l'été 2018. Cet arrêté a permis la livraison d'aliments durant les samedis d'été sur vingt départements de l'Ouest. Par ailleurs, Nutrinoë a apporté son expertise et son appui pour qu'un arrêté zonal similaire puisse être délivré dans la zone Sud-Ouest », explique Laurent Morin, délégué général de Nutrinoë qui souhaite élargir plus largement ses actions aux régions voisines. L'association propose ainsi la pérennisation d'une cellule « ferroviaire », transversale, intermétiers et interrégions, après son expérience réussie de la cellule de crise mise en place lors de la grande grève SNCF.

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